Café des Mésanges

Puis je me suis arrêtée et j'ai tout repris de zéro. J'ai ôté mes mains de ma tête, en prenant grand soin de les essuyer avec un mouchoir brodé blanc et jaune hérité de ma grand-même paternelle. A se demander d'ailleurs comment font les vieux pour toujours vous laisser des objets qui encombrent vos poches jusqu'au jour où enfin vous leur découvrez une utilité loin d'être négligeable. Enfin, tout ça pour dire que j'ai commencé à réfléchir sérieusement. J'avais encore les doigts collants à cause de ce que j'avais tripoté dans ma tête, mais je m'en fichais. Je le sais bien que c'est un peu sale là dedans par endroits, que ça sent le renfermé aussi, mais pas de quoi faire tout un plat. Bon. Donc j'ai réfléchi. Avec les yeux fermés et les paupières papillonnantes, comme pour matérialiser mon intense réflexion quelquefois qu'on n'y croit pas sans cette preuve ô combien ridicule. J'ai réfléchi une minute, puis deux, puis dix — j'abrège parce qu'autrement on en a pour la nuit et je ne peux pas attendre jusque là — et j'ai fini par tirer tout ça au clair. Enfin.
Avant de quitter ma chambre, le matin, un post-it jaune pisseux me rappelait ce rendez-vous trop rapidement oublié à cause de la nervosité excitante qu'il engendrait.
"Guillaume, seize heures, Café des Mésanges."
Rien que ça.